Nelson
MALLÉUS
Orchestrateur, clarinettiste & concepteur d'instruments
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Partie 2 : Les registres de la clarinette
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Partie 3 : Les harmoniques à la clarinette et quelques effets
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Partie 6 : Comparaison entre le son de la clarinette et celui du saxophone
Les harmoniques chez les bois
Partie 2
Les registres de la clarinette
La clarinette peut - comme la plupart des instruments - jouer sur ses harmoniques. Chaque registre correspond à un rang d'harmonique. Du fondamental au 9ème rang, voici une présentation de leur utilisation conventionnelle.
Pour un rappel sur la notion d'harmoniques, vous pouvez commencer avec la lecture de cet article : Les harmoniques - le phénomène physique.
Il est aussi recommandé d'avoir lu auparavant l'article sur La création du son à la clarinette qui explique entre autres le quintoiement, ainsi que la baisse de diapason au fil des registres, phénomènes auxquels nous serons confrontés.
Le chalumeau
La clarinette a été inventée en 1690 par Johann Christoph DENNER qui ajouta au chalumeau une clef facilitant grandement le passage aux registres supérieurs : la clef du douzième. Il lui ajoute aussi une autre clef permettant de monter jusqu'en haut du registre fondamental de la clarinette (Wikipedia propose un article détaillé sur le passage Du chalumeau à la clarinette).
Aujourd'hui nous utilisons le terme chalumeau pour désigner le registre correspondant à l'harmonique de rang 1 de la clarinette.
Il est possible de monter légèrement plus aigu sans changer de registre, mais pour des raisons de justesse et de timbre, ces notes ne sont généralement utilisées que pour des trilles ou des appogiatures dans le registre du chalumeau.
Le clairon
Le clairon correspond à l'harmonique de rang 3. Son timbre, très différent de celui du chalumeau, se rapprocherait du son d'une petite trompette utilisée au XVIII° siècle, la clarine, à l'origine du nom de la clarinette.
Comme pour le chalumeau, seule une partie du registre est utilisée de façon conventionnelle, et une extension d'une seconde est aussi couramment utilisée pour les trilles et les appogiatures.
L'aigu et le suraigu
L'aigu et le suraigu correspondent aux registres les plus hauts de la clarinette. Pour les répertoires classiques et romantiques, ils comprennent les harmoniques de rangs 5, 7 et 9. Leurs timbres sont très proches. Tous les clarinettistes professionnels sont capables de jouer ces notes.
Une octave supplémentaire est encore accessible. Je n'ai jamais eu l'occasion d'entendre jouer jusqu'en haut de la tessiture ci-dessous, si vous êtes en mesure de le faire ou si vous connaissez quelqu'un, je serais enchanté de pouvoir l'enregistrer afin d'illustrer complètement l'exemple.
Pour accéder aux dernières notes, le clarinettiste Joseph MARCHI avait développé une clarinette avec des clefs supplémentaires facilitant l'accès aux harmoniques de plus hauts rangs. La Maison Selmer a proposé la clarinette "système Marchi" de 1975 au milieu des années 1980.
Les changements de registres
Les changements de registres sont très délicats pour les clarinettistes.
C'est pour cette raison que l'on utilise des clefs pour jouer les trilles à cheval sur les changements de registres :
Les deux notes sont d'abord jouées conventionnellement, dans le registre du clairon. Puis avec les doigtés de substitution dans le registre du chalumeau. Chaque trille est joué d'abord avec le changement de registre, puis avec les clefs permettant de l'éviter.
En jouant lié, le passage rapide entre deux registres peut être difficile, surtout en allant vers un registre plus grave (du clairon au chalumeau, de l'aigu au clairon, ou de l'aigu au chalumeau). Tout est réalisable selon le niveau de virtuosité du clarinettiste et de ses habitudes de jeu. Cette difficulté est accentuée si le doigté ne change pas, et l'est dans une moindre mesure si le clarinettiste doit déboucher des trous. Voici la correspondance des doigtés pour les harmoniques de rangs 1, 3, 5 et 7 :
Le clarinettiste débouche des trous pour aller de gauche à droite.
Notez que pour les rangs 3, 5 et 7 seule une partie des doigtés est utilisée. Aussi, les doigtés ne sont pas exactement les mêmes que ceux du fondamental : afin de faciliter l'émission et de préciser la justesse, les doigtés du clairon sont augmentés de la clef du douzième. La plupart de ceux de l'aigu et du suraigu se font en débouchant un trou en haut de la clarinette et en appuyant sur une ou deux clefs supplémentaires.
Dans l'article suivant nous aborderons les harmoniques de la clarinette, en sortant du cadre de ces registres conventionnels. Nous verrons ainsi quelques effets rendus possibles par cette utilisation étendue.
Tous les exemples sont écrits en Sib et joués par mes soins